La douleur en ostéopathie

« Comment ça va avec la douleur ? »

Expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, on se sent tout de suite mieux avec une telle définition, mais pas le patient qui consulte en ostéopathie tant la douleur règne en maître. Elle est en effet le premier motif de consultation, quelle soit aigüe ou chronique, son « expérience » doit autant que possible ne pas se renouveler mais s’évanouir dans nos mains.

Pour cela l’ostéopathe doit apprendre à décoder la douleur. Au début de l’examen du patient, elle est simplement formulée, verbalisée : « j’ai mal au  bas du dos… etc. », c’est une douleur d’appel, cela demande beaucoup d’attention, elle peut cacher beaucoup de choses, c’est le premier fil à tirer. L’interrogatoire en précisera les contours. La palpation pourra apprécier son caractère profond ou superficiel en fonction de l’intensité de la pression exercée, et déterminer l’origine articulaire, musculaire ou cutanée. C’est l’enfance de l’art mais nous n’en sommes qu’au début. Continuer la lecture

Ostéopathie et surf

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BON PIED BON OEIL

Je la regarde évoluer sur la crête de la vague, elle reste bien en haut pour garder de la vitesse, tout d’un coup change de direction pour descendre le plus rapidement possible la pente. Tout semble naturel, son corps la propulse à l’endroit où il faut. Sauf qu’à un moment mes yeux n’ont plus rien distingué, seulement un mouvement d’ensemble. Conjugaison de deux tracés celle de la vague qui déroule et celle du surfeur qui semble souligner le mouvement de celle-ci, pour ne jamais se rencontrer.

Moi, je l’ai rencontré lors d’une consultation, elle a fait l’inventaire de ses douleurs. Les épaules : tendinites à force de ramer, on passe. Le cou et surtout la jonction avec le thorax très sollicitée, imaginez : nager le crawl en puissance en gardant la tête toujours hors de l’eau. C’est ce que fait un surfeur en ramant pour prendre une vague avec le plus de vélocité possible. Condition essentielle pour ne pas être à la merci de la force sauvage de la houle. Continuer la lecture

Une émotion peut en cacher une autre

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Quatre ans et demi, c’est l’âge de Marion. Sa mère au téléphone m’a parlé ainsi :  » Marion a vécu une très forte émotion, elle n’a pas compris mon ordre et a traversé la rue sans regarder. La voiture n’a pas ralenti et heureusement Marion a continué vers l’autre trottoir en accélérant, le choc a été évité de très peu ».

Le mot est lâché « une très forte émotion » moi aussi je suis saisi quand la petite fille à peine allongée sur la table commence à raconter très calmement, et avec précision l’incident. Mes mains s’étaient posées naturellement à la base de son cou, englobant tout son thorax, des mains plutôt rassurantes. L’enfant parle, nous l’écoutons sa mère et moi, une fois le récit terminé je lui demande de dire ce qui ne va pas. Elle dit avoir du mal à s’endormir, se plaint de la tête et du ventre, la mère confirme et rajoute que juste après, la petite fille était tétanisée par la peur et ne pouvait pas parler. Les manifestations physiques sont apparues en fin de journée, l’insomnie quelques jours après.

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L’ostéopathe et l’écoute

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Nos patients éprouvent le besoin de parler, ils recherchent un interlocuteur pour les écouter, rien de plus normal, humain en diable. Mais derrière cette apparente simplicité se cache souvent des pièges dans lesquels le praticien non averti peut tomber .

Il y a l’écoute du corps, partie muette de l’examen ne demandant que des mains expertes et qui peut se faire dans le silence : c’est la pierre angulaire du traitement. Alors que cette écoute va nourrir l’examen clinique, elle encouragera le patient à parler de son corps et de ses douleurs. Le patient peut alors commencer à parler de lui,nous allons apprendre du sujet quelque chose de plus intime,  et il est important de tendre l’ oreille, car la relation singulière entre un patient et son thérapeute se noue dans cette écoute attentive.

La première difficulté est de se laisser emporter sur un terrain qui n’est pas le nôtre. Dans ce colloque unique entre patient et ostéopathe, l’ambiguité réside dans la demande implicite du patient que nous nous occupions d’autre chose que de la souffrance de son corps , que nous l’aidions dans ses difficultés psychique . Continuer la lecture

Portrait de patient #1 : Madeleine

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Je pense que Madeleine a bientôt 106 ans, je pense car c’est un peu extravagant d’imaginer que cette femme ait vécu tant d’années, et je finis par en douter, comme elle même semble s’en étonner.
Je la soigne depuis 10 ans et il me semble qu’elle n’a pas changé (moins que moi certainement). Tout se passe comme si son vieillissement ralentissait avec son métabolisme, c’est une évidence : le vieillissement s’arrête avec la mort.
Elle est bien vivante et le doit a une activité soutenue : la marche tous les jours, la création autour de la peinture et des installations très contemporaines d’oiseaux stylisés. Elle est entourée : la famille, les amis, son esprit est vif, elle peut être cassante voir cinglante quand il le faut.
Je l’ai rencontré lors d’une séance d’ostéopathie, une douleur récalcitrante au milieu du dos, elle n’imaginait pas d’autres traitements. Elle se soigne à l’homéopathie depuis toujours, autant dire une éternité. Elle ne se rappelle pas avoir pris des antibiotiques encore moins des anti-inflammatoires.
Est-ce pour cela qu’elle est aussi réceptive aux techniques d’ostéopathie ? Pure hypothèse mais chez elle particulièrement vérifiable. C’est incroyable de sentir l’efficacité des manœuvres, j’ai la sensation que les tensions fondent sous mes doigts quand je la manipule.

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